Souveraineté européenne
Technologie : L'Europe face à ses paradoxes
Il y a quelques semaines lors du salon VivaTech 2025, l’un des plus grands rendez-vous mondiaux de l’innovation technologique, Paris a accueilli les figures majeures du secteur - de l’intelligence artificielle, au WEB3 et la blockchain, en passant par l’ordinateur quantique.
Si les promesses sont nombreuses, les tensions sous-jacentes le sont tout autant : l’Europe, et la France en particulier, se trouvent à la croisée des chemins entre ambition technologique et contraintes structurelles.
Publié le 21 juillet 2025

L’intelligence artificielle se place sans surprise au centre de la scène. Après l'explosion de l'IA générative, les regards se tournent désormais vers une nouvelle génération de systèmes : l’IA agentique. Ces agents autonomes ne se contentent plus de répondre à des requêtes ; ils perçoivent, planifient et agissent de manière proactive dans des environnements complexes. L’enjeu ? Réinventer la productivité dans les entreprises, automatiser des fonctions entières et catalyser des usages à très haute valeur ajoutée dans la santé, la finance ou encore la cybersécurité. Mais cette dynamique se heurte à un défi concret : le développement de l’infrastructure.
La puissance de calcul nécessaire à l’IA, notamment aux agents les plus évolués, exige des centres de données toujours plus nombreux, plus performants… et disponibles. Or, la France connaît actuellement des retards structurels dans leur développement. En cause : des procédures administratives longues, une pression environnementale croissante, et un cadre réglementaire jugé trop rigide par les industriels. L'Europe dans son ensemble fait face à des blocages similaires, notammentenAllemagneetaux Pays-Bas, où les projets de data centers sont parfois suspendus pour des raisons de consommation énergétique ou d’occupation foncière.
Pour tenter de débloquer la situation, le gouvernement français a annoncé en 2024 vouloir accélérer les autorisations via un label « projet d’intérêt national majeur ». L’enjeu est d’autant plus pressant que les autres grandes puissances technologiques avancent à marche forcée avec une stratégie de domination assumée.
À ces enjeux industriels s’ajoute une pression environnementale croissante. Les centres de données – énergivores par nature – sont de plus en plus scrutés, malgré la prise en compte des enjeux énergétiques pour la pérennité du secteur. Un rapport des Nations Unies publié cette semaine rappelle que les grands fournisseurs de cloud sont encore loin de la neutralité carbone : entre 2020 et 2023, les émissions indirectes (Scope 2), principalement liées à la consommation électrique de leurs centres de données, ont augmenté en moyenne de 150%1.
Malgré ces freins, nous restons persuadés que l’IA, la blockchain et même l’ordinateur quantique s’affirmeront non seulement comme leviers de transformation industrielle, mais aussi comme instruments de souveraineté stratégique.
Reste à savoir si l’Europe saura se doter des fondations nécessaires – infrastructures, financement, simplification administrative – pour ne pas rester simple spectatrice de la prochaine vague technologique.
1. Clarity.ai