Transition climatique

Transition Climat ou Solution Climat : deux définitions, un même objectif

Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, il est nécessaire de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble des activités, mais également de financer les nouvelles technologies qui permettront de décarboner l’économie de demain.

Les scénarios climatiques intègrent bien ce double défi, ce qui explique pourquoi certains secteurs comme l'industrie lourde ou les transports accélèrent leur trajectoire de décarbonation après 2030. Il est donc important de distinguer les enjeux de transition des enjeux de financement de solutions, et d’avoir des définitions claires sur lesquelles les entreprises et tous les acteurs de la finance durable peuvent s’appuyer.

Nous vous proposons ce décryptage à travers des définitions, des exemples, et des éléments méthodologiques de qualification des solutions climat afin de nourrir votre réflexion dans un contexte règlementaire évolutif.

Publié le 10 février 2024

CPRAM

Noémie Hadjadj Gomes

Responsable Recherche de CPRAM

Guillaume Pitsch

Ingénieur Financier de CPRAM

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Comment définir une entreprise en transition climatique ?

Une entreprise en transition climatique passe d'une économie traditionnelle à une économie plus verte et plus durable, en améliorant par exemple son efficacité énergétique via la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre par unité produite.

La transition concerne tous les secteurs de l’économie, qui doivent améliorer leurs pratiques, et en particulier les secteurs à fort enjeu climatique (énergie, agriculture, transports, construction, utilities, etc.).

Les objectifs de réduction doivent être ambitieux et s’inscrire dans un cadre de référence : les scénarios scientifiques sont aujourd’hui le point de départ de toute méthodologie de transition.

Les entreprises peuvent s’y référer pour se fixer des objectifs climatiques à long-terme suffisamment ambitieux et crédibles, et les investisseurs peuvent s’appuyer sur ces scénarios pour évaluer si une entreprise est bien inscrite dans une trajectoire qui reste en dessous de 2°C.

Il existe plusieurs méthodologies et métriques nous permettant d’analyser les enjeux de transition, c’est-à dire l’alignement des entreprises et/ou des portefeuilles avec ces scénarios de décarbonation de l’économie.

On peut citer les méthodologies en budget carbone, qui reposent sur la réduction progressive des émissions de gaz à effet de serre, et les méthodologies prospectives, comme les températures, qui traduisent les engagements des entreprises en niveau de réchauffement climatique.

L’initiative Science Based Targets, qui permet d’encadrer, évaluer et certifier les engagements des entreprises dans la lutte contre le réchauffement climatique, est en train de s’imposer progressivement comme un standard, car elle permet de valoriser les efforts réels des entreprises.

Notons également que les benchmarks climat de la Commission Européenne – Paris Aligned Benchmark et Climate Transition Benchmark – sont des indices multi-secteurs de transition climatique construits à partir d’une approche en budget carbone. Nous aborderons plus en détail dans un prochain article le sujet de la transition climatique et de la décarbonation des portefeuilles.

Comment les distinguer des solutions climatiques ?

Les solutions climat sont des activités économiques ayant un impact positif sur l'environnement en fournissant des technologies permettant la transition vers une économie plus verte et plus durable, comme par exemple la production d'énergie à partir de sources renouvelables comme l'énergie solaire ou éolienne.

Les solutions climatiques sont concentrées dans certains secteurs d’activité. A noter que sur le marché obligataire, le financement de solutions climatiques est plutôt adressé par le marché des green bonds.

Il serait idéal d’être en mesure de quantifier les émissions évitées grâce aux solutions climat, mais c’est un indicateur qui n’est pas disponible de manière fiable aujourd’hui car il comporte de nombreuses limites méthodologiques, la métrique la plus évidente est donc la part de chiffre d’affaires dans des activités identifiées comme solutions climat, mais il n’y a pas aujourd’hui de méthodologie standard complète pour qualifier les solutions climat.

La taxonomie européenne permet d'identifier et classer les activités économiques durables. Elle comprend six catégories, dont deux liées au climat : « atténuation du changement climatique » pour les solutions climat, et « transition énergétique » pour les entreprises en transition.

Pour valider chaque activité éligible, la taxonomie utilise des critères spécifiques, tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou l'utilisation de sources d'énergie renouvelables. Elle marque un premier pas important pour l'identification des solutions climat, mais les données disponibles sont limitées car ce référentiel est trop récent et trop technique. En attendant de se l'approprier, les entreprises reportent de manière très conservatrice.

Les indicateurs d'éligibilité à la taxonomie sont très spécifiques et granulaires et les analystes extrafinanciers n’ont pas les données pour faire l'exercice sur un large spectre d'entreprises si ces dernières n'ont pas elles-mêmes reporté à la taxonomie.

Comment qualifiez-vous les solutions climat ?

Chez CPRAM nous avons défini notre propre méthodologie de qualification des solutions climat, qui pourra être amenée à converger à terme vers la taxonomie européenne quand les données le permettront.

Notre méthodologie repose sur 3 grandes étapes : la définition des grandes familles de solutions climat, la sélection des entreprises ayant un chiffre d'affaires supérieur à 50 % dans des activités identifiées comme solutions climat, et la validation qualitative de l'ensemble des entreprises sélectionnées.

Notre approche permet de référencer près de 250 activités, articulées autour de 4 grands thèmes complémentaires, ce qui permet de capturer un spectre large de solutions climat :

1. La production d'énergies renouvelables et à faible émission de carbone, englobant des technologies telles que l'énergie solaire, éolienne et géothermique, ainsi que d'autres sources d'énergie propre.

2. La transformation, le stockage et la distribution de ces énergies, essentiels pour garantir une utilisation efficace et une disponibilité constante des énergies renouvelables.

3. Les technologies et produits améliorant l'efficacité énergétique dans des secteurs clés tels que le bâtiment, l'industrie, l'agriculture et la mobilité et qui permettent de réduire la consommation d'énergie et d'optimiser son utilisation.

4. Les solutions de préservation des ressources, telles que la gestion de l'eau ou des déchets, le recyclage et l'utilisation de matériaux biosourcés qui contribuent à une utilisation plus durable des ressources naturelles.

Pour chacun de ces grands thèmes, nous avons établi notre propre liste détaillée d'activités, allant de la géothermie au nucléaire, en passant par les batteries, les lignes à haute tension et la robotisation. Ensuite, nous nous sommes appuyés sur une classification standardisée, qui décompose les activités des entreprises en plus de 1800 segments, pour identifier les entreprises pertinentes et sélectionner celles avec un chiffre d'affaires associé supérieur à 50 %.

De plus, afin d'éviter de soutenir des acteurs ayant des activités controversées sur le plan climatique, nous avons identifié les activités à risque, telles que les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz), ainsi que d'autres activités ayant un impact environnemental négatif, comme la production d'asphalte, de ciment. Si une entreprise est impliquée dans l'une de ces activités à risque, nous effectuons une due diligence pour valider ou invalider sa qualification de solution climat.

    CPRAM

    En complément, nous analysons les entreprises sous un angle ESG pour exclure celles qui ont les pratiques les plus préjudiciables pour l’environnement.

    Notre approche rigoureuse nous a permis d'identifier les entreprises apportant des solutions climat, au-delà des données disponibles via la taxonomie européenne.

    Ainsi, ils nous paraît capital de bien distinguer les enjeux de transition et de solution, qui ont un rôle complémentaire dans l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris.

      Cela est très utile en particulier dans l’ensemble de notre gamme climat, car dans la sélection de valeurs opérée par nos gérants de portefeuilles, les indicateurs extrafinanciers à analyser ne sont pas les mêmes s'agissant d'une valeur solution ou d'une valeur transition.

      Il est également intéressant de noter que les entreprises en transition et les entreprises solutions ont des profils financiers très complémentaires et que leur combinaison permet d'aborder plus sereinement les différents cycles de marchés.

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