European Strategic Autonomy - Les convictions du gérant
CPR Asset Management enrichit sa gamme thématique avec une nouvelle stratégie, CPR Invest-European Strategic Autonomy, un fonds d’actions visant à soutenir le renforcement de l’autonomie et de la résilience de l’Europe dans des domaines d’activités clés. Entretien avec Damien Mariette, gérant du fonds
Publié le 07 avril 2023
Quelles sont les principales motivations derrière la genèse de la stratégie ?
Les événements récents comme la pandémie mondiale ou la crise énergétique, causée en partie par les tensions géopolitiques, ont mis en lumière les faiblesses stratégiques de l’Europe et ses fortes dépendances externes dans de nombreux domaines critiques. Ainsi, pendant la crise sanitaire, l’Europe a subi d’importantes perturbations sur ses chaînes d’approvisionnement clés en raison des restrictions sur les importations de produits intermédiaires. De nombreux matériaux ont manqué et ces pénuries pouvaient aussi affecter certains principes actifs nécessaires à la fabrication de médicaments comme les puces électroniques.
De même, sa trop grande dépendance externe explique que l’Europe a été la plus durement frappée par la récente crise énergétique durant laquelle le gaz et l’électricité ont connu des prix record. Ces exemples illustrent la complexité du monde dans lequel nous vivons alors que celui-ci évolue à un rythme sans précédent. Dans ce contexte, l’Europe n’a d’autres choix que d’agir fermement et rapidement pour assurer sa résilience stratégique. Déjà, de nombreux plans de dépenses ont été mis en place pour soutenir la construction d’une Europe plus autonome tout en générant de nouvelles opportunités de marché. Nous sommes convaincus que, pour que cet objectif ambitieux soit réalisable, les capitaux privés doivent également être mobilisés. En tant que gestionnaire d’actifs, nous souhaitons contribuer à cet objectif en proposant une nouvelle stratégie thématique qui contribue à diriger les investissements privés vers ces secteurs stratégiques
Comment la stratégie a-t-elle été construite pour relever ce défi ambitieux ?
Nous avons relevé ce défi en adoptant une approche structurée du thème. Nous avons d’abord défini les domaines dans lesquels l’Europe doit retrouver et renforcer son autonomie. Plus concrètement, nous avons défini quatre domaines, qui constituent également les principaux piliers de l’univers d’investissement de la stratégie. Le premier pilier se réfère à l’industrie. L’Europe doit se réindustrialiser et cela est d’autant plus pertinent dans trois dimensions.
Nous devons ainsi, 1/ sécuriser les chaînes d’approvisionnement des usines et investir dans les infrastructures, la logistique, les transports, l’automatisation et la robotique ; 2/ assurer l’indépendance énergétique en protégeant d’une part le bon fonctionnement du marché de l’énergie et en développant d’autre part des énergies nouvelles, renouvelables et fiables ; 3/ renforcer l’autonomie numérique pour relever les défis de demain en investissant dans des infrastructures numériques sécurisées, résilientes et durables.
Le deuxième pilier concerne l’alimentation. Il englobe l’ensemble de la chaîne de valeur alimentaire et répond à la nécessité de garantir la qualité, la disponibilité et l’accessibilité à la nourriture pour tous.
Le troisième pilier concerne la santé et vise à assurer la disponibilité, l’accessibilité et la qualité des soins. Ce pilier comprend les médicaments et les dispositifs médicaux, le développement d’outils de prévention et de diagnostic ainsi que les innovations permettant d’accélérer la transformation numérique de la santé.
Enfin, le quatrième pilier est celui de la défense. Renforcer l’autonomie européenne, c’est aussi assurer sa protection par des budgets militaires plus importants et soutenus dans le temps.
Qu’est-ce qui caractérise votre philosophie d’investissement ? Certaines particularités méritent-elles d’être mentionnées ?
La sélectivité et la granularité en sont les pierres angulaires. Après avoir défini les principaux piliers de notre univers d’investissement, nous procédons à l’application de plusieurs filtres d’exclusion, qui sont liés à la thématique et à notre approche ESG.
Tout d’abord, pour chaque pilier, nous passons en revue tous les secteurs et toutes les activités principales des entreprises afin de ne garder que celles jugées stratégiques pour la thématique (par exemple, les boissons gazeuses ou les implants dentaires sont exclus). Nous utilisons également un filtre de détention du capital pour nous assurer que le conseil d’administration d’une entreprise est aligné sur les intérêts européens. C’est pourquoi, nous excluons les sociétés détenues à plus d’un tiers par un seul investisseur non-européen.
Le fonds intègre également une approche durable. Nous nous appuyons sur les ressources ESG mises à disposition par le groupe Amundi. En complément des exclusions normatives et sectorielles propres au Groupe, nous excluons également les entreprises sujettes à de fortes controverses ESG et de mauvaises pratiques ESG, à la fois au niveau global et sur des critères spécifiques à la thématique, notamment « le climat », « la biodiversité, pollution et déchets » et « l’éthique ».
Pour conclure, quelques mots sur le portefeuille et quelques exemples de valeurs ?
Au lancement, l’univers d’investissement éligible comprend environ 310 actions avec un profil bien diversifié : cyclique, défensif, « value » et croissance. Le portefeuille final se compose d’environ 55 titres. L’objectif du fonds est de rechercher de la performance tout en améliorant sa note ESG globale par rapport à son univers d’investissement.
Pour ce qui est des exemples de titres présents dans notre univers investissable, nous pouvons citer ASML Holding NV, un leader mondial dans la production de machines de photolithographies pour l’industrie des semi-conducteurs. Autre exemple, dans la dimension santé, nous regardons Sanofi qui est acteur clé de la santé en Europe qui développe des produits pharmaceutiques et des vaccins.