Marchés et stratégies
Marchés financiers : Décryptage et convictions de CPRAM - Novembre 2024
Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée et Juliette Cohen, stratégiste, décryptent les marchés et Julien Levy-Kern, gérant de portefeuille diversifié, nous partage ses convictions sur les thématiques à suivre.
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Publié le 07 novembre 2024
Le chiffre du mois : -4.5%
C’est la chute de l’indice action MSCI Emergents sur le mois d’octobre, baisse quasi-homogène entre l’Asie et l’Amérique latine. Les devises émergentes étaient également en repli sur le mois. Les craintes d’une remontée des droits de douane en cas de victoire de Trump, la hausse des taux américains ainsi que celle de la volatilité ont alimenté cette baisse des actifs émergents.
Décryptage des marchés
Les marchés obligataires ont mené la danse ce mois-ci avec une forte remontée des taux nominaux malgré une stabilité des prix du pétrole et des points morts d’inflation.
Aux Etats-Unis, les taux d’Etats progressent de plus de + 30 bps en moyenne à travers les différentes maturités.
Dans la zone euro, l’ampleur des relèvements des taux nominaux est moindre notamment sur les parties courtes. La toile de fond macroéconomique continue d’être porteuse avec des données américaines solides, une Chine qui s’est finalement décidée à stimuler son économie et une économie de la zone euro qui montre quelques signes encourageants de stabilisation.
La forte hausse des rendements du trésor américain s’explique en partie par l’augmentation de la probabilité d’une victoire totale de Trump et par des surprises positives concernant l’activité économique américaine. On se rapproche néanmoins du point critique pour les actifs à risque que nous situons autour de 4.5% pour le taux 10 ans américain.
Côté microéconomie, la saison de bénéfices bat son plein alors que les attentes sont élevées. Ces derniers font également preuve d’une belle résilience notamment aux Etats-Unis. Pour les marchés c'est « l'Amérique d'abord » avec des flux d'actions américaines en tête et un renversement de la tendance baissière du dollar. En revanche, les sorties de capitaux en Europe se poursuivent, la faiblesse de la macroéconomie et les inquiétudes concernant les droits de douane pèsent sur la région.
A court terme, la prudence est justifiée par l’issue incertaine de l’élection présidentielle américaine. La hausse des taux due aux craintes d’instabilité fiscale plombe pour l’instant le trade de reflation.
Le fait marquant du mois
La surprenante réaction du marché obligataire.
En effet, on ne s’attendait pas à ce que les rendements des emprunts d’états américains remontent très fortement à un moment où la banque centrale venait d’abaisser son taux directeur de 50 bps.
Pourtant, c’est exactement ce qui s’est produit avec des taux 2 ans et 10 ans qui ont progressé de plus de 50 bps et 60 bps depuis la décision du 18 septembre dernier. On peut évidemment essayer de comprendre ce qui a entrainé cette hausse inhabituelle des rendements sur toute la courbe des taux alors que les marchés auraient dû accueillir cette baisse des taux directeurs comme le signe d’une politique monétaire plus accommodante.
Certaines raisons sont avancées pour expliquer le changement de configuration des rendements comme la santé insolente de l’économie américaine, une vague républicaine probable à l’élection présidentielle du 5 novembre et un intérêt moins marqué des étrangers pour les obligations du trésor américain. Une des explications les plus plausibles serait qu’une victoire de Trump entrainerait de facto des augmentations tarifaires qui si elle se concrétisaient entrainerait une hausse des prix et ferait craindre un retour de l’inflation défavorable aux taux longs.
La réduction envisagée du taux d’imposition sur les sociétés devrait également creuser encore plus le déficit américain. Les prochains jours fourniront aux intervenants de marché beaucoup plus d’informations leur permettant de se faire une idée plus précise sur l’ampleur de l’atterrissage ou non de l’économie américaine.
Nos convictions thématiques
La victoire de Trump est en partie intégrée dans les cours, malgré un résultat de l’élection qui reste très incertain. Les marchés sont ainsi particulièrement nerveux et malgré la volatilité et des bénéfices pour le 3ème trimestre plutôt mitigés, la rotation vers les valeurs cycliques se poursuit portée par les bonnes surprises économiques.
Les publications de résultats sont déjà bien entamées, et ce sont les financières qui ont relativement surpris le plus positivement, suivies par les télécommunications et l’énergie. Sur le mois, le MSCI World est en baisse de 2%, et seuls ces 3 secteurs affichent des performances positives, 3 secteurs peu représentés au sein des thématiques. Entre publications mitigées et mise en place du « Trade trump », les thématiques liées au changement climatique et les thématiques liées au changement démographique baissent d’environ 3.5% sur octobre. Les thématiques liées à l’innovation s’en sortent mieux avec une baisse de 0.5%.
Pour le positionnement thématique à venir, tout est lié au résultat de l’élection américaine. Le « Make America Great Again » pourrait transformer le commerce mondial. Les secteurs les plus impactés seraient l'automobile, les loisirs, les vêtements et le luxe et donc la thématique du Bien-être/Style de vie.
Sur les thématiques du Climat, une grande partie du budget de l’IRA est déjà engagée et ces dépenses pourraient bénéficier de la protection du Congrès. Mais jusqu’à 500 milliards de dollars de crédits d’impôt et de projet résidentiel d’Energies Nouvelles pourraient être réduits si Trump venait à gagner. Enfin concernant le thème de l’Intelligence Artificielle, nous pensons que la réforme des infrastructures de réseau électrique pourrait être retardée sous Trump.
Nos points clés
Nous retiendrons de ce mois d’octobre, le mouvement de hausse des taux en partie alimenté par l’augmentation de la probabilité de victoire de Donald Trump. Si le marché actions américain s’est avéré plus résilient, peu de secteurs ont réussi à maintenir des performances positives sur le mois.
Les résultats de l’élection présidentielle américaine seront le facteur déterminant pour les performances des marchés le mois prochain.