Mégatendances, à l'aube d'une nouvelle ère ?

A quoi ressembleraient nos sociétés si nous n’avions jamais inventé l’écriture, l’agriculture, la navigation… Si nous n’étions jamais parvenus à « dompter » l’électricité ? L’histoire humaine est ponctuée de bouleversements et d’innovations majeurs, annonciateurs de nouveaux cycles. Avec certitude, l’humanité en connaîtra d’autres qui façonneront à leur tour l’existant. Et notre avenir, à quoi ressemblera-t-il ? 

Ils figurent parmi les plus pressants de notre époque et présentent de nombreux corolaires. La perte de biodiversité, par exemple, a des répercussions profondes sur nos écosystèmes. Depuis les années 1970, 68 % de la population mondiale d’espèces animales sauvages aurait disparu et 30 % des espèces vivantes seraient aujourd’hui menacées d’extinction¹. L'érosion de la biodiversité est exacerbée par d’autres facteurs inquiétants comme la destruction de l'habitat, la surexploitation des ressources, le changement climatique avec des phénomènes météorologiques extrêmes, le stress hydrique, la pollution ou encore les espèces invasives.

Ces dangers se font sentir dans de nombreux secteurs d’activités comme l’agriculture, la santé, l’industrie du textile, le bâtiment ou encore l’assurance, pour ne citer que ceux-ci. Les changements climatiques rendent également nécessaire une transition énergétique, avec la production d’énergies renouvelables, à faible émission carbone. Si les gouvernements du monde entier cherchent à atteindre collectivement 7,3 TW de capacité pour les énergies renouvelables d’ici 2030, contre 3,4 TW en 2022, cet objectif reste toutefois insuffisant pour contenir le réchauffement climatique à 1,5°C. En effet, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et la présidence de la COP estiment de concert qu’il est impérieux de tripler cette capacité à cette échéance².

La crise climatique est au cœur des préoccupations mondiales et incitent à une révision profonde des modes de production et de consommation. Les entreprises ne peuvent plus faire l’impasse d’adopter des pratiques durables et réduire leur empreinte carbone. Les réglementations internationales et nationales vont dans ce sens.

• Transport : le secteur des transports est déterminant et la législation pousse au changement. Au niveau européen, « Fit for 55 » acte, par exemple, l’interdiction des ventes de véhicules neufs à moteur thermique d’ici à 2035 et vise à réduire drastiquement les émissions de CO2 d’au moins 55 % d’ici 2030, en comparaison des niveaux de 1990³. Ces mesures s’inscrivent dans l’objectif de l’Union européenne d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
  
• BTP : dans la construction, Les normes environnementales deviennent également plus strictes et des certifications internationales telles que LEED⁴ ou BREEAM⁵ gagnent en importance.
  
• Agriculture : dans l’agriculture, la pression pour réduire les pesticides et adopter des pratiques agroécologiques transforme le secteur. L’agriculture de précision et la sélection de cultures résistantes au changement climatique se développent.
  
• Industrie : la nécessité de diminuer l’empreinte carbone pousse à adopter des technologies de fabrication plus propres et à recycler davantage les matériaux. L’économie circulaire s’impose comme un modèle à suivre pour réduire les déchets et les émissions de gaz à effet de serre. Les industries à forte intensité énergétique comme celles de l'acier, de l’aluminium, de la chimie ou du ciment doivent trouver des solutions pour réduire leurs émissions de CO2.

Des révolutions technologiques de rupture

De la digitalisation, à l’internet des objets (IoT), en passant par la robotisation, l’impression 3D, les drones et véhicules autonomes… Les avancées technologiques peuvent transformer radicalement des pans industriels. À cet égard, l’intelligence artificielle (IA) est sans aucun doute la révolution technologique la plus marquante de ces dernières années, et il est encore difficile de juger de l’étendue de la « destruction créatrice » qu’elle engendrera, de ses effets sur les manières de vivre et de travailler. Une étude suggère que l’IA pourrait booster de 26 % le PIB mondial et ajouter 13 000 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2030. En outre, est estimé qu’au moins 70 % des entreprises devraient intégrer l’IA dans leurs processus, dans les années à venir⁶. Pour l’instant à un stade moins précoce, l’informatique quantique, qui offre une puissance de calcul décuplée, est également porteuse de nombreuses opportunités dans la finance⁷ , la santé, la chimie, la cryptographie, etc.

Les répercussions de ces révolutions technologiques pour nos sociétés apparaissent déjà majeures. Elles annoncent l’émergence de nouveaux écosystèmes : IA, technologies de l’information, IoT ou encore 5G favorisent l’émergence de villes intelligentes et de nouvelles formes d’interactions sociales et économiques, reliant les individus et les infrastructures de façon inédite⁸.

Les innovations technologiques ouvrent de nouvelles perspectives, mais elles impliquent toutefois aussi des questions éthiques et réglementaires. En outre, toutes n’ont pas le potentiel de provoquer des changements radicaux puisque leur adoption par les entreprises, et plus largement la société, dépend de multiples facteurs (principalement humains et de marché9 ). Cibler les thématiques les plus prometteuses est donc essentiel.

Des changements démographiques et sociaux prégnants

Bien que le phénomène ralentisse, la population mondiale continue de croître. Elle a franchi le seuil des 8 milliards en novembre 2022 et des projections la porte à 10,4 milliards vers 208010. En parallèle, le vieillissement de la population dans de nombreuses régions du monde a des conséquences importantes, ne serait-ce qu’en termes de santé, de retraites et de services sociaux. Entre 2015 et 2050, la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus passera de 12 % à 22 % de la population mondiale, selon l'OMS11. Dans le même temps, une chute inquiétante de la fertilité se constate dans les pays de l’OCDE12, allant de pair avec un déclin démographique dans ces zones géographiques. Par ailleurs, les migrations, motivées par les conflits, les opportunités économiques et les changements climatiques qui s’accentuent, redéfinissent les dynamiques démographiques. Sur le plan social, les attentes évoluent rapidement, influencées par les mouvements sociaux et les évolutions culturelles. Les questions d'égalité, de diversité et d'inclusion prennent une place centrale dans les débats publics et les stratégies d'entreprise. Les consommateurs et les employés exigent davantage de transparence, d'éthique et de responsabilité sociale. Cette pression incite les organisations à revoir leurs pratiques et à adopter des valeurs plus alignées avec celles de la société moderne. Autant d’enjeux interconnectés et d'opportunités à saisir dès aujourd’hui pour façonner un avenir plus durable et équitable. Une prise de conscience globale et des initiatives concertées des acteurs publics et privés sont essentielles pour accompagner ces transformations et bâtir un monde résilient face aux défis du XXIe siècle.

5.https://breeam.com
6.https://www.researchgate.net
7. https://www.weforum.org
8. https://www.mckinsey.com
9. https://www.oecd-ilibrary.org
10. https://www.un.org
11. https://www.who.int
12. https://www.oecd.org