Diabète et nouvelles technologies, des innovations de rupture
Le diabète affecte le quotidien de plus de 425 millions de personnes dans le monde et représente l’un des grands défis sanitaires du siècle. L’épidémie ne cesse de gagner du terrain et devrait toucher 10 % de la population mondiale à horizon 2040.
Publié le 06 mai 2022
Il n’existe pas un diabète mais des diabètes
Le diabète se définit par une élévation chronique et anormale du taux de sucre dans le sang, appelé glycémie. Cette hyperglycémie chronique est essentiellement due à l’insuffisance ou à l’inefficacité de l’insuline, hormone pancréatique, essentielle à l’assimilation et au stockage du glucose par les cellules.Contrairement à certaines idées reçues, il n’existe pas un diabète mais des diabètes aux origines diamétralement opposées.
Le diabète de type 1 (10 % des diabétiques) est une maladie auto-immune qui touche le plus souvent les enfants ou les adolescents ; les cellules pancréatiques secrétant l’insuline sont progressivement détruites par le système immunitaire du malade avec, pour conséquence, une déficience en insuline.
Le diabète de type 2 est la forme la plus courante de la maladie (90 % des diabétiques) et intervient généralement à un âge plus avancé. L’origine de la maladie est essentiellement liée à des antécédents familiaux, à une alimentation déséquilibrée, un manque d’activité physique et au surpoids. Cette mauvaise hygiène de vie perturbe l’efficacité d’action de l’insuline et épuise progressivement le pancréas qui finit par ne plus assurer une production suffisante d’insuline.
Le coût humain et économique de l’épidémie de diabète est alarmant
La stabilisation de la glycémie est un combat permanent pour les personnes diabétiques. Des taux de glycémie en permanence élevés provoquent, à terme, des lésions vasculaires généralisées touchant le cœur, les yeux, les reins et le système nerveux. Le diabète est l’une des principales causes de maladies cardiovasculaires, de cécité, d’insuffisance rénale et d’amputation des membres inférieurs.
Les complications du diabète ont occasionné 4 millions de décès en 2017, soit un décès toutes les huit secondes. Le diabète représente 10,7 % de la mortalité mondiale. Ce chiffre est plus élevé que le nombre combiné de décès dus au sida, à la tuberculose et au paludisme.
Outre le fardeau humain, la maladie a également un impact économique considérable sur nos systèmes de santé pesant près de 740 milliards d’euros, soit 12 % des dépenses de santé mondiale.
Les nouvelles technologies, une source d’espoir pour reprendre le contrôle sur la maladie
Face à ces chiffres alarmants, les nouvelles technologies auront un rôle prépondérant à jouer dans la prévention et la diminution des complications de la maladie. Un des leviers majeurs est de pouvoir assurer un équilibre de la glycémie des malades sur le long terme pour éviter/retarder les complications.
La mesure de la glycémie en continue par un capteur fixé au bras est une évolution technologique majeure. Par un simple scan du capteur, le malade peut consulter en temps réel sur son smartphone son niveau de glycémie, et ainsi adapter sa dose d’insuline. Outre le confort qu’apportent ces solutions dans le quotidien, de nombreuses études ont montré que les malades sont plus actifs dans le suivi de leur glycémie (13 scans par jour), améliorant nettement la stabilité glycémique et ainsi le risque de développer une maladie cardiovasculaire.
Demain, grâce à la technologie, les diabétiques n’auront même plus à se soucier de leur équilibre glycémique. L’intelligence artificielle, via des algorithmes complexes et auto-apprenants, s’en chargera pour eux. Associée à des capteurs et à une pompe à insuline, elle sera capable de calculer et d’administrer la dose d’insuline nécessaire en temps réel sans intervention humaine. C’est l’objectif du développement du « pancréas artificiel ». La start-up Diabeloop, hébergée au Village by CA Paris, fait partie des précurseurs et a présenté des premiers résultats très encourageants.
Néanmoins, de nombreuses étapes doivent encore être surmontées afin d’obtenir une intelligence artificielle capable de gérer de manière totalement autonome l’équilibre glycémique en tenant compte d’éléments exogènes tels que la prise de repas ou les activités physiques qui influencent la glycémie. Pour y parvenir, les algorithmes ne doivent pas se concentrer sur une équation à une variable – la glycémie – mais doivent s’inscrire dans une approche multivariable afin d’apporter une réponse globale et individualisée. Ces algorithmes devront comprendre les habitudes de vie (alimentation, sommeil…), la psychologie du patient, et l’ensemble des facteurs ayant un impact direct ou indirect sur la maladie pour mieux la traiter et la contrôler. Les quantités de données importantes générées par les objets connectés devront être déversées dans ces algorithmes tout comme l’ensemble des résultats, analyses, comptes rendus de médecin, données génétiques, afin de pouvoir dresser le profil diabétique du patient le plus exhaustif possible.
C’est en franchissant cette étape que les algorithmes auront un impact majeur sur le contrôle de la maladie. Ils pourront agir de manière prédictive, en déterminant de manière précise les conséquences du mode de vie du patient sur l’évolution à long terme de la maladie, et en y apportant des solutions personnalisées (médecine de précision) afin de prévenir les complications.
— Julien Gamon, Etudes Economiques, Crédit Agricole SA