Marchés et stratégies
Marchés financiers : Décryptage et convictions de CPRAM - Juin 2024
Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée et Juliette Cohen, stratégiste, décryptent les marchés sur le mois de mai et Julien Levy-Kern, gérant de portefeuille diversifié, nous partage ses convictions sur les thématiques à suivre.
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Publié le 07 juin 2024
Le chiffre du mois : 175 000
C’est le nombre de création d’emplois non agricoles en avril aux Etats-Unis.
Ce chiffre est ressorti bien en-dessous des attentes, à 243 000 sur le mois, et l’on observe aussi des révisions à la baisse des créations d’emplois pour les mois de février et mars. Par ailleurs, le nombre d’heures travaillées a baissé sur le mois et le salaire horaire n’a progressé qu’à un rythme très lent, 0,2% sur le mois. Sur les 3 derniers mois annualisés, la progression des salaires n’est plus que de 2,8% aux Etats-Unis, c’est le rythme le plus faible depuis 3 ans.
Décryptage des marchés
Le mois de mai s’est avéré solide pour les actions en général et pour les obligations américaines. Les données pourtant suggèrent des perspectives moins optimistes pour juin. L’activité économique ralentit, l’inflation reste tenace tandis que la banque centrale américaine est encline à agir avec prudence même si elle maintient pour le moment des baisses de taux sur la table pour la fin 2024. Si le PCE américain a montré des signes de ralentissement, des preuves significatives restent nécessaires pour justifier un début du cycle d’assouplissement de la banque centrale américaine. Les données économiques à venir devront démontrer que les prix ralentissent plus rapidement que l’activité pour que les investisseurs conservent confiance dans un atterrissage en douceur.
L’élan des marchés actions s‘est donc poursuivi au mois de mai avec la publication des résultats trimestriels qui soulignent que les entreprises se portent bien et que le moteur économique continue de bien tourner. Aux Etats-Unis les chiffres d’affaires des entreprises ont augmenté de 4% en moyenne et les bénéfices de 9%. Le Msci World en euro progresse sur le mois de +2.89 % porté une nouvelle fois par les actions américaines qui s’envolent de +3.33% alors que l’Eurostoxx progresse de +2.17%. Les actions émergentes et japonaises baissent légèrement.
Sur le front obligataire, nous avons observé une divergence directionnelle entre les taux d’Etat américains et européens. En effet les taux 10 ans américains baissent de -18 bps sur la période à 4.69% alors que les 10 ans allemand progressent de +8 bps à 2.66% et cela malgré la certitude affichée d’une baisse des taux de la part de la BCE début juin. Ce mouvement opposé peut s’expliquer en partie par un chiffre d’inflation mieux orienté aux Etats-Unis qu’en zone euro et à la faveur de statistiques sur l’emploi plus molle. Sur le marché des changes l’euro s’est apprécié sur la période vis-à-vis du dollar et du yen et les prix des matières premières se sont stabilisés à l’exception de l’or qui a poursuivi son ascension à 2325 dollars l’once.
Le fait marquant
Les attentes bénéficiaires s’améliorent. La publication des résultats au titre du premier trimestre aux Etats-Unis et en Europe fait état de surprises positives. Les résultats du premier trimestre ont dépassé les attentes, grâce à la résistance des marges, et à la résilience de la croissance économique et d’une consommation toujours aussi soutenue. La tendance pour le second semestre pointe vers une progression également avec des attentes encore plus fortes pour la fin de l’année en Europe. La dynamique des bénéfices s'améliore donc et les valorisations ne sont pas toutes tendues. Les révisions des bénéfices sont de nouveau à la hausse, de même que les indices PMI.
Il est possible d'atteindre une croissance à deux chiffres du BPA en 2024 et aux Etats-Unis, étant donné que la croissance du PIB mondial, proche de la tendance, devrait préserver les marges et les chiffres d'affaires. Les valorisations ne semblent pas exigeantes en Europe, avec un ratio cours/bénéfice de 13,5x, inférieur à la moyenne à long terme de 13,8x. Nous pensons qu'il y a de la place pour une nouvelle revalorisation modeste étant donné le prochain cycle de réduction des banques centrales et la résistance des bénéfices. Mais après la progression boursière réalisée depuis le début de l’année, le potentiel de hausse semble limité en amplitude alors que d’un autre côté les obligations et les liquidités continuent d’offrir des rendements attrayants.
Nos convictions thématiques
La bonne publication de Nvidia suivi d’une hausse de 27% du titre n’aura pas permis aux thématiques de l’Innovation de surperformer le MSCI World. Si les Semiconducteurs ont assuré de bonnes publications, les Logiciels sont à la peine comme le montre la publication de Salesforce qui a entrainé tout son secteur à la baisse. Si l’IA va continuer à stimuler la croissance de la productivité, certains pans de la thématique montrent qu’une respiration est aujourd’hui nécessaire. De même, le rattrapage de la thématique des Ressources Naturelles a été fort sur ces 3 derniers mois et nous repassons à neutre dans notre allocation. Plus spécifiquement, nous nous positionnons sur les Mines d’Or, dans un contexte d’inflation qui persisterait et d’achats massifs d’or par les banques centrales.
Enfin, comme nous pensons que les rendements obligataires plafonnent, en particulier en zone euro, nous souhaitons tactiquement accroitre la duration de notre allocation thématique. D’un point de vue sectoriel, le candidat idéal serait celui des Services aux collectivités, d’un point de vue thématique, l’urbanisation mais également l’hydrogène ou les énergies renouvelables devraient en profiter.
Nos points clés
Nous retiendrons de ce mois de mai des signaux plus rassurants sur le front de l’inflation aux Etats-Unis mais aussi un ralentissement graduel de l’activité et des résultats d’entreprises de bonne facture au 1er trimestre. Tout cela a été positif à la fois pour les marchés obligataires et les actions qui nous semblent encore receler un potentiel d’appréciation pour les prochains mois.