Les algues, pour un avenir plus vert !
« Certaines algues sont les seuls mets dignes de la table d’un roi » écrivait Sze Teu au VIIe siècle avant notre ère. En 2021, les algues sont toujours mises à l’honneur sur les tables, principalement en Asie, mais elles semblent être toujours absentes des tables européennes. Cela est notamment dû à une image négative que l’on peut en avoir par les marées vertes. Cependant, les algues n’ont pas dit leur dernier mot et s’imposent dans nos sociétés, petit à petit, au moyen de nouveaux usages et procédés innovants.
Publié le 02 juin 2021
Les dernières expéditions spatiales nous le rappellent : l’eau est la condition première de l’apparition de la vie. Dans le même temps, la moitié de l’oxygène que nous respirons provient directement des océans1, qui contiennent 97 % de l’eau présente sur Terre. En stockant 93 % du carbone de notre planète2, ceux-ci sont également le premier allié des humains contre le réchauffement climatique.
Les algues présentent différentes catégories et formes : les micro-algues, constituées d’un faible nombre de cellules, et les macro-algues telles que les laminaires. Aujourd’hui, deux-cent-vingt-et-une variétés d’algues sont considérées comme ayant une valeur commerciale par la FAO (Food and Agriculture Organization), mais seulement dix sont réellement cultivées de manière intensive. Cependant, parmi ces algues, toutes ne sont pas comestibles. En France, vingt-cinq variétés d’algues ont été considérées comme comestibles selon le CEVA (Centre d’Étude et de Valorisation des Algues).
Les algues, ou leurs extraits, trouvent aussi des applications en tant que compléments alimentaires ou dans le domaine de la nutraceutique. Au-delà de la désormais célèbre spiruline, de nombreux autres ingrédients algaux sont en développement. Ainsi, différentes huiles à base d’algues apparaissent sur le marché, elles sont notamment riches en DHA de la famille des oméga 3 comme l’huile de schizochytrium. D’autres pistes sont également explorées en santé humaine, utilisées comme antioxydants, on trouve les algues souvent en complément des traitements médicaux curatifs.
Des applications existent également en nutrition animale et végétale. En effet, certaines algues ont la caractéristique de diminuer le méthane relâché par les animaux d’élevage. De plus, elles permettraient de stimuler les défenses immunitaires des animaux et donc de limiter l’usage de vaccins et d’antibiotiques. C‘est dans cette optique que la société LLDC Algae a mis au point un complément alimentaire à base de chlorelle pour l’industrie porcine. Baptisé Greenfeed Chlorella, ce complément permettrait d’augmenter les performances et la santé de l’animal. Du côté du végétal, les algues peuvent jouer un rôle de biostimulation. Depuis longtemps déjà, le goémon était utilisé pour fertiliser les champs, notamment en Bretagne. En effet, les algues sont riches en hormones végétales comme les cytokinines. Elles présentent donc de nombreux avantages en améliorant la santé des plants, en stimulant leur croissance, etc. C’est la voie choisie par le groupe breton Olmix.
Enfin, considérées comme de la biomasse, les algues peuvent être utilisées dans différents procédés industriels et chimiques comme la fabrication de biocarburants, par exemple. L’idée de produire du bioplastique à partir de cette biomasse est explorée comme alternative écologique au plastique traditionnel, à l’image d’Algopack, entreprise malouine, qui produit des granulés de plastique à partir d’algues.
Ce sera donc grâce à leur large panel d’applications que les algues pourraient s’imposer comme la prochaine ressource phare d’une révolution industrielle plus verte. Or, les algues sont une source abondante et peu polluante, ne nécessitant ni eau, ni engrais, ni pesticides.
— Malo Le Den et Arnaud Rey, Direction des Études Économiques du Groupe Crédit Agricole