Marchés et stratégies

Marchés financiers : Décryptage et convictions de CPRAM - Avril 2025

Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée et Juliette Cohen, stratégiste, décryptent les marchés et Julien Levy-Kern, gérant de portefeuille diversifié, nous partage ses convictions sur les thématiques à suivre.

Découvrez également la version podcast.

Publié le 04 avril 2025

LinkedIn
Twitter
Facebook
Email
Lien

Le chiffre du mois : 2,95

C’est le point haut atteint par les taux 10 ans allemands en milieu de mois. L’annonce d’une hausse massive des dépenses militaires et des investissements dans les infrastructures ainsi que le vote de la réforme du frein à l’endettement ont conduit à une hausse spectaculaire des taux qui ont pris plus de 50 points de base en quelques jours. 

Décryptage des marchés

Les marchés américains ont continué de subir au mois de mars une correction technique perdant plus de -10% par rapport aux sommets atteints en février. Ces prises de profit s’expliquent en particulier par les corrections subies par les 7 magnifiques qui continuent à subir les inquiétudes des investisseurs.

L’incertitude concernant les politiques commerciales reste le principal moteur à court terme des marchés. Cela explique la nervosité des investisseurs alors que la hausse des tarifs moyens aux Etats-Unis a déjà augmenté de 5%. Cet environnement explique la forte correction des marchés actions avec un MSCI World qui recule de -8% impacté  par la forte baisse des marchés américains avec un S&p500 qui recule de -9.18% en euro.

Les marchés actions européens et chinois résistent mieux en ne cédant en moyenne que -3.5%, les investisseurs semblant se tourner vers des thèmes structurellement positifs tels que le virage fiscal en Allemagne et l‘essor de l’intelligence artificielle en Chine. L’expansion budgétaire en Allemagne et la fin de la règle de la limitation de l’endettement pourraient soutenir une croissance plus forte en Europe.

Sur le front obligataire les taux d’états nominaux sont restés assez stables outre-Atlantique avec des taux 10 ans à 4,20 alors qu’en Europe les investisseurs s’inquiètent de l’offre de papiers à venir entrainant une hausse uniforme de plus de 30 bps des taux à 10 ans, le 10 ans allemand clôturant à 2.74%. Sur le front du crédit, le marché semble attentiste avec un marché primaire en mode « stop and go » avec des volumes qui reculent de 20% sur le mois en mars.

Concernant les spreads nous assistons à un mouvement d’écartement mais sans panique particulière. Pour finir, l’or continue de battre des nouveaux records historiques au-delà de 3100 dollars l’once et le dollar s’est déprécié de plus de 4% contre l’euro sur le mois à 1.08.

Les faits marquants du mois

Avril est généralement l’un des meilleurs mois de l’année pour les actions. Or, la hausse supplémentaire attendue des droits de douane menace de renverser la tendance.

Les investisseurs doivent désormais s’interroger s’ils doivent rester investi ou s’ils doivent accentuer la couverture de leur portefeuille. Si le positionnement, les facteurs techniques et les valorisations ne constituent plus les obstacles qu’ils représentaient autrefois pour le marché des actions US, la possibilité d’une récession suscite des inquiétudes croissantes outre Atlantique.

La sanction douanière vient de tomber et  le taux moyen pondéré des droits de douane ressort à 18.3%, 3 points au-dessus du pire anticipé qui était de 15%.

La prudence reste donc de mise pour le moment tant que nous n’en saurons pas davantage sur l’impact sur la croissance économique et sur les bénéfices des entreprises. Des négociations vont surement se mettre en place maintenant mais l’hypothèse d’une escalade en cas de riposte probable n’est pas exclue. Bilan : des droits de douane agrégés plus élevés qu’anticipé, une incertitude qui reste omniprésente et certains mots tabou qui refont surface.

L’hypothèse d’un scénario stagflationniste et/ou récessif restent les principaux risques pour les investisseurs actions. La capitulation n’a pas commencé à notre avis mais  l’impact de ce coup porté à la confiance pourrait se révéler plus important que les droits de douane eux-mêmes.

Nos convictions thématiques

Aux États-Unis, une ère de frugalité budgétaire semble s'ouvrir, avec en prime l'impact des tarifs douaniers. Dans un contexte de P/E élevés, de positionnement et d’attentes toujours élevés pour la Tech américaine et les Mag-7, nous restons toujours prudents sur les thématiques liées à l’Innovation, en particulier à l’Intelligence Artificielle.

Pendant ce temps, en zone euro, après 15 ans d'austérité, l'Allemagne a modifié son frein à l'endettement afin d'autoriser des dépenses de défense accrues, assorties d'un fonds d'infrastructure de 500 milliards d'euros, soit 12 % du PIB allemand, le plan budgétaire allemand équivaut à la somme des dépenses du Plan Marshall et de la Réunification. Ajoutez à cela une baisse potentielle des prix du gaz due à un cessez-le-feu en Ukraine et une baisse des taux directeurs, nous avons les prémices d'une croissance forte des bénéfices des entreprises européennes. Ce dispositif s'ajoute au plan ReArm de l'UE, qui prévoit 800 milliards d'euros de dépenses militaires.

Concernant le thème de la défense, si la forte performance de 70 % depuis le début de l’année risque de provoquer des prises de bénéfice, nous restons constructifs. La poursuite de la hausse des prévisions de bénéfices, soutenue par des dépenses militaires de 2 à 4 % du PIB européen et une augmentation des parts de marché des acteurs européens vis-à-vis des constructeurs américains, constituent un facteur favorable. 

Enfin, un frein est tombé, « Investir dans la défense est responsable », a déclaré le ministre français de l'Economie. Il a ajouté « cela protège notre souveraineté et les principes que nous portons : la liberté, la démocratie et le développement durable ». 

Nos points clés

Nous retenons de ce mois de mars, le climat de forte incertitude sur la politique commerciale américaine qui a pesé sur les actifs risqués, notamment les actions américaines. Sur les marchés obligataires, la stabilité a prévalu aux Etats-Unis tandis que l’écartement des taux européens a été marqué sur le mois du fait des annonces de relance budgétaire.   

Découvrez également