Marchés et stratégies
Actions thématiques : accompagner les entreprises françaises et dessiner l'économie de demain
Au lendemain de la première vague de Covid-19, le Gouvernement français annonçait un plan de relance historique de 100 milliards d’euros sur deux ans pour redresser durablement l’économie française et favoriser l’emploi. Vient s’ajouter le plan d'investissement "France 2030" de 30 milliards d'euros sur cinq ans présenté par le chef de l’Etat en octobre 2021. CPR AM n’a pas attendu l’appel du gouvernement ni la création du label « Relance » qui a suivi pour créer le fonds CPR Ambition France. Lancé en octobre 2020, le fonds totalise 114 millions d’encours sous gestion et a réalisé une performance de 47,9 % sur 1 an. Il accompagne 65 entreprises qui représentent plus de 220 000 emplois sur le territoire français.
Entretien avec Eric Labbé, gérant Actions thématiques de CPR AM et spécialiste des petites & moyennes capitalisations françaises.
Publié le 09 décembre 2021

Éric, pouvez-vous nous rappeler la genèse du fonds ?
CPR Ambition France est le fruit d’une réflexion mûrie avec un de nos clients assureurs historiques à la suite d’un appel d’offres de la Fédération Française des Assureurs lors du 1er confinement. Cet appel d’offres visait à répondre à une requête gouvernementale alors qu’un vide « assurantiel » apparaissait dans le contexte de l’arrêt d’activité lié à la situation sanitaire : comment indemniser les entreprises - les PME et ETI en particulier - alors qu’elles ne sont pas couvertes par ce risque non contractualisé ? A défaut d’indemnisation, le gouvernement a demandé aux assureurs de les accompagner par l’investissement. Nous étions avant l’été donc bien en amont du plan de relance et de la création du label Relance. CPR Ambition France a vraiment été créé pour répondre au contexte post-Covid-19 afin de flécher ses investissements dans le but de préserver le tissu économique français d’aujourd’hui, accompagner la relance durablement et financer l’économie de demain. Nos ambitions vont donc même plus loin que le label : le fonds est 100 % actions françaises et intègre une dimension ESG forte.
Précisément, comment est construit l’univers d’investissement ?
Plusieurs volets caractérisent la construction de l’univers d’Ambition France : la taille des entreprises, leur thématique dans la relance de l’économie française et leur profil extra-financier. Premièrement, l’univers d’investissement est centré sur les PME et ETI françaises cotées dont la capitalisation boursière est majoritairement (80 % minimum) comprise entre 100 millions et 2 milliards d’euros. On se laisse une marge de 20 % maximum au-dessus de 2 milliards afin de gérer les fluctuations des entreprises qui ont naturellement vocation à grossir ! Ensuite, trois thèmes ont été définis pour la sélection des entreprises et tous les secteurs sont concernés :1/ aider les entreprises à passer le cap de la crise ; 2/ garantir la souveraineté nationale dont les lacunes ont été mises en évidence par la crise ; et 3/ financer celles qui contribuent à façonner l’économie de demain ou s’adaptent pour répondre aux nouveaux enjeux qu’ils soient écologiques ou technologiques. Il existe évidemment des recoupements entre les trois thèmes. Par exemple, les entreprises liées à l’énergie verte permettent de garantir la souveraineté nationale et répondent au défi climatique.
C’est pourquoi nous n’avons pas défini d’allocation entre les trois thèmes. De même, les entreprises ciblées pour « passer le cap » représentaient 35 % du portefeuille aujourd’hui mais cette proportion tend à baisser progressivement.
Enfin, sur le volet ESG, nous adoptons une approche stricte et ambitieuse en nous appuyant sur EthiFinance, fournisseur de données spécialisé dans la notation extra-financière des PME et ETI cotées en France et en Europe. Nous sélectionnons les entreprises à la fois sur leur note ESG globale et sur leurs pratiques sociales afin que le portefeuille ait un meilleur profil que l’univers à 3 niveaux : la note globale, la note sur le pilier social et la note sur le critère « conditions de travail ». La couverture est très bonne car nous sommes à plus de 96 %.
L’univers résultant de ces 3 filtres d’analyse est constitué de 120 valeurs environ.
Concrètement, pouvez-vous nous citer des exemples de valeurs sur lesquelles vous investissez ?
Je vais vous citer GL Events, spécialiste de l’événementiel en France et à l’international. Ses activités ont subi de plein fouet l’arrêt de l’économie mondiale, la restriction des déplacements et les règles de distanciation qui ont conduit au report de la plupart des événements. Notre rôle dans cet investissement est bien évidemment de les accompagner à passer le cap de la crise alors que le Groupe emploie plus de 5 400 personnes dans le monde dont près de 3 000 employés en France, sans compter les sous-traitants.
Citons aussi Valneva, société nantaise de biotechnologies spécialisée dans le développement et la commercialisation de vaccins prophylactiques contre des maladies infectieuses générant d’importants besoins médicaux. Son portefeuille R&D inclut notamment le seul candidat vaccin en développement clinique contre la maladie de Lyme et un candidat vaccin à injection unique contre le chikungunya.
Nous participons également aux introductions en bourse et augmentations de capital. Parmi les IPOs auxquels le fonds a participé, citons par exemple Winfarm, spécialiste de la vente à distance de matériel agricole ou encore Hydrogene Refueling Solutions, référence dans les stations de recharge d'hydrogène.
Quels sont les résultats de votre démarche responsable ?
Selon l’échelle de notation d’EthiFinance, la sélection des entreprises au sein du portefeuille CPR Ambition France améliore très nettement le profil extra-financier de son univers sur les trois niveaux recherchés. Le portefeuille obtient des notes de 71/100 sur la note globale et le pilier Social et de 73/100 sur le critère « conditions de travail ». L’univers quant à lui se situe entre 61 et 63 sur les trois niveaux d’analyse. Les entreprises dans lesquelles nous investissons représentent plus de 220 000 emplois sur le territoire français.
Ce qui est important par ailleurs, c’est le dialogue et l’engagement avec les entreprises. Depuis le début de l’année, l’équipe de gestion a mené 73 entretiens avec les entreprises de l’univers du fonds CPR Ambition France. Les enjeux et critères ESG sont évoqués systématiquement lors des rendez-vous et nous rappelons l’importance de répondre au questionnaire de notre fournisseur EthiFinance.
En outre, CPR AM s’associe à la démarche « Engagement for Progress » lancée en 2021 par EthiFinance. Pour la 1ère année, une campagne d’engagement sur le thème de la féminisation des instances dirigeantes a démarré en mai. CPR AM a pu sélectionner au sein de son portefeuille les entreprises issues des secteurs présentant le plus d’efforts à fournir (logistique, industrie, jeux vidéo…) afin de participer au dialogue mené par notre fournisseur.
Nous communiquerons plus précisément sur l’ensemble de l’approche durable dans le cadre du 1er rapport annuel d’impact du fonds.
Pour conclure, quel est le profil du fonds aujourd’hui et ses perspectives dans les prochains mois ?
Le portefeuille a été constitué pour s’inscrire dans la durée afin de répondre aux besoins d’accompagnement et de financement sur le long terme des entreprises. En général, les fonds small cap sont des fonds Croissance. Si Ambition France avait plutôt un profil très Value à son lancement, il a aujourd’hui un profil GARP (valeurs de Croissance à un prix raisonnable).
Le redémarrage de l’économie mondiale en général, la forte croissance en France et l’intérêt marqué des investisseurs pour les entreprises françaises en particulier ont bénéficié à la performance du fonds. Notre philosophie d’investissement reposant sur des profils très diversifiés d’entreprises avec des niveaux de maturité variés nous permet d’avoir des relais de performance. La saison des résultats 2022 sera intéressante pour à la fois identifier les entreprises qui se sont ressaisies rapidement ou celles qui repartent progressivement, analyser comment les gains de productivité ont été réalisés et aussi comment la question de l’emploi a été gérée par chacune.
Si je peux me permettre un mot plus personnel, la gestion de ce fonds est vraiment un défi en tant que gérant pour combiner la recherche de performance aux problématiques extra-financières et notamment sociales des entreprises. Néanmoins, c’est une richesse de dialoguer au quotidien avec les PME et ETI françaises et une fierté de les accompagner avec ce fonds.