Marchés et stratégies

Comment la BCE et la Fed font face à une incertitude inédite

Les indicateurs d’incertitude liée à la politique économique ont atteint récemment des niveaux inédits, en large part à cause de la politique commerciale menée par la nouvelle administration américaine.

Publié le 25 mars 2025

Fed

​​​​​​​​​​​​​​Bastien Drut
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Responsable des Études et de la Stratégie - CPRAM

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En effet, Donald Trump a mis en œuvre des hausses de droits de douane significatives contre ses principaux partenaires commerciaux (Canada, Chine, Mexique) et menace d’en faire autant avec d’autres pays (en particulier l’Europe). Ce contexte d’incertitude pèse sur les décisions de consommation et d’investissement des ménages et des entreprises.

Economie

Cela a clairement marqué les derniers comités de politique monétaire de la BCE et de la Fed. Jerome Powell a par exemple qualifié l’incertitude « d’inhabituellement élevée » et Christine Lagarde l’a qualifié « d’énorme ». Cette dernière a même indiqué que « les risques sont partout » et que « la situation change radicalement d'un jour sur l'autre. » Cette forte hausse de l’incertitude a provoqué une révision à la baisse des prévisions de croissance des deux institutions pour cette année et pour l’an prochain. 

L’une des principales questions auxquelles font face la BCE et la Fed est de mesurer l’impact des hausses de droits de douane décidées par Donald Trump sur l’activité économique et sur l’inflation.Cela peut effectivement mettre les banques centrales devant un dilemme : faut-il assouplir la politique monétaire pour réagir à une dégradation d’activité ou la resserrer pour réagir à une hausse de l’inflation? 

Lors du FOMC du 19 mars, Jerome Powell s’est un peu plus avancé sur le sujet en affirmant que le scénario central serait qu’une hausse de l’inflation liée aux droits de douane serait temporaire, en insistant sur le fait qu’il sera très difficile d’analyser les chiffres d’inflation cette année. A contrario, Powell a souligné qu’une détérioration de l’activité pourrait se traduire « assez rapidement » en une hausse du taux de chômage car le marché du travail américain se caractérise actuellement par un faible taux d’embauche. Les signaux envoyés par Powell portent donc à croire que la Fed n’est pas dans l’urgence pour procéder à une baisse des taux directeurs mais toute détérioration des chiffres durs en augmentera la probabilité.

Du côté de la BCE, la philosophie est sensiblement la même. Lors de son passage devant le Parlement européen, Christine Lagarde a indiqué qu’une hausse de droits de douane de 25 points décidée par Trump sur les importations de produits européens amputerait la croissance d’un demi-point la première année et qu’une partie de la perte d’activité serait permanente. En ce qui concerne l’inflation, l’effet estimé serait d’une hausse temporaire d’un demi-point et d’un effet résiduel ensuite. 

In fine, il semble donc que la BCE et la Fed réagiraient à des hausses de droits de douane importantes en s’orientant vers un assouplissement de leur politique monétaire. 

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