Marchés et stratégies
Marchés financiers : Décryptage et convictions de CPRAM - Juillet 2024
Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée et Juliette Cohen, stratégiste, décryptent les marchés sur le mois de Juin et Julien Levy-Kern, gérant de portefeuille diversifié, nous partage ses convictions sur les thématiques à suivre.
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Publié le 05 juillet 2024
Le chiffre du mois : 3.75%
C’est le niveau du taux de dépôt en zone euro après la 1ère baisse de taux de la BCE début juin. Désormais 4 grandes banques centrales du G10 ont initié leur assouplissement monétaire : les banques centrales de Suisse, Suède, Canada et désormais la BCE.
Cette 1ère baisse était largement attendue. Pour la suite, la BCE demeure très prudente et agira en fonction des données entrantes. Les anticipations de marché tablent sur une à deux baisses de taux au second semestre 2024.
Décryptage des marchés
Retour sur le premier semestre
La première partie de l’année aura été caractérisée par la très bonne tenue des actifs risqués. Les actions, les matières premières enregistrent des gains à deux chiffres et surperforment largement les obligations d’état ou privées ainsi que le monétaire. Cela s’explique en premier lieu par une croissance économique qui fait mieux que résister et surtout par des perspectives bénéficiaires des entreprises en hausse. Certaines banques centrales ont commencé à réduire leurs taux directeurs alors que la banque centrale américaine se montre encore réticente à le faire en raison d’une inflation résiliente.
Sur les 6 premiers mois de l’année, le MSCI World progresse de 15,17% porté une nouvelle fois par les indices américains avec un S&P 500 en hausse de 18,58% et un Nasdaq en progression de 21,7% en euro. Les indices émergents rebondissent au cours du deuxième trimestre porté par les bourses asiatiques et les indices européens ont été freinés dans leur élan par les incertitudes politiques malgré la baisse de 25% des taux directeurs.
Le marché japonais bénéficie de la poursuite de la baisse marquée du yen qui retrouve un plus bas de 38 ans face au dollar à 161 yen. Sur la partie obligataire les taux d’états ont rebondi de manière synchronisée sur la période de 50 bps en moyenne quel que soit les échéances et la dette française a été la moins performante. Le high yield a mieux performé que le crédit IG bénéficiant d’un scénario d’atterrissage en douceur de l’économie mondiale. Nous entrons la période estivale avec des valorisations tendues et il faudra s’attendre à un retour de la volatilité en raison de la persistance des incertitudes.
Quels thèmes pour le deuxième semestre ?
Après un premier semestre très favorable aux actifs risqués, l’investisseur va devoir faire face à de nombreuses incertitudes. L’inflation restera-t-elle la préoccupation principale ou le ralentissement économique prendra-t-il le dessus. C’est cet élément qui devrait dans les semaines à venir dicter la politique de la banque centrale américaine.
L’autre élément majeur concernera la réallocation des montants importants de liquidité drainés les fonds monétaires au cours des dernières années. Les investisseurs privilégieront-ils les obligations ou les actions à mesure que la rémunération des liquidités baissera. Les marchés actions, de leur côté, verront-ils la participation à la performance s’élargir à d’autres secteurs que celles des valeurs technologiques où la stratégie dite de momentum continuera-t -elle à exceller ?
La saison de publication des résultats des entreprises du second trimestre commence dès le 12 juillet et il n’y a guère de place pour la déception sur le front de la performance compte tenu des attentes élevées et des niveaux de valorisation tendues. Enfin les marchés resteront influencés sans nul doute par les thèmes politiques avec en point de mire les élections présidentielles américaines. Le second semestre s’annonce donc comme une période de transition et de volatilité.
Nos convictions thématiques
L’effet Momemtum est toujours aussi robuste, sur le mois le MSCI World Momentum gagne 4% face aux 2% du MSCI World en dollar. Dans ce contexte, toutes les thématiques liées à la lutte contre le changement climatique baissent avec en queue de peloton les Energies renouvelables à -9.5%. Toutes les thématiques liées aux changements démographiques sous performent avec notamment le Défi Alimentaire à -3.5%. Et donc dans la logique de ce fort Momentum, toutes les thématiques liées à l’Innovation surperforment avec l’Intelligence Artificielle ou la Disruption en tête autour de 6.5%.
J’aimerais vous dire que la performance des thématiques liées au Progrès est le fruit de la hausse de small et mid caps variées mais en réalité la concentration de la performance a atteint un pic en juin. Ainsi, l’indice Goldman Sachs des Techs non profitables est négatif, le Russell 2000 Technology gagne 1.5% et l’indice des 7 Magnifiques gagne 10%. Sur juin, la part des M7 dans le S&P 500 a largement franchi le cap des 30%. Avec un P/E forward de 30, le M7 ne sont pas encore sur les niveaux du Top 10 de la précédente bulle technologique des années 2000.
Nous pensons que l'Intelligence Artificielle suit un schéma similaire aux précédentes vagues technologiques et nous pensons que ce processus a encore de beaux jours devant lui. L'expérience de la bulle Internet suggère que, dans ces conditions, les valorisations des actions de la thématique peuvent encore augmenter. Nous restons toujours surpondérés sur les thématiques de l’Innovation.
Nos points clés
Nous retiendrons de ce mois de juin, la poursuite de la hausse des marchés actions notamment aux Etats-Unis et en Asie ainsi que la surperformance des valeurs technologiques.
Côté obligataire, le mois de juin est marqué par une relative stabilité des taux à 10 ans. Enfin, le dollar continue de bénéficier du report dans le temps de la 1ère baisse de taux de la fed et des incertitudes géopolitiques.